Par Nicole Cohen
Responsable du site O-judaisme.com [1]
Je souhaite vous présenter aujourd’hui un auteur qui mérite votre attention. Du moins, si vous êtes intéressés par la tradition juive et par la compréhension de la Bible selon la tradition rabbinique.
Hillel Bakis est connu depuis sa publication d’une Anthologie sur les contes juifs d’Afrique du Nord (Le fil du temps ; Les chemins du Ciel…), de fables juives (Renard et le loup et autres fables d’Israël) et… d’un roman de science-fiction qui gagnerait à être redécouvert Le Messie est en retard ! [2].
Il traite aussi de sujets d’étude pour approfondir traditions juives, et études bibliques (exégèse, grammaire, liturgie…). Son haggadah du nouvel an des arbres est utilisée depuis 2004 dans de très nombreuses communautés et familles, d’autant que le journal Actualité juive a publié, pendant une dizaine d’années, un guide pratique de l’auteur. Pour qui voulait plus de détails, il était toujours possible de télécharger gratuitement son « séder de Tou Bichvat » qui avait été accepté par des sites internet très consultés par la communauté (toratemet.net ; Chiourim.com ; hebrewbooks.org)[3].
Hillel Bakis ne s’est pas arrêté là. Il a publié en 2013 une série de sept ouvrages sous le titre général « La voix de Jacob » (ce prénom étant un témoignage de respect pour son père). Il explique que c’est un peu par hasard qu’il s’est lancé dans ce travail d’écriture : dans sa communauté, les responsables avaient décidé qu’à tour de rôle, les fidèles volontaires feraient une « dracha » chaque semaine avant la fin de l’office du samedi matin. Or, il a été désigné comme « volontaire » ; il eut beau expliquer qu’il n’était pas rabbin, ni érudit en Torah, mais chercheur en sciences sociales, cela n’eut aucun effet autre effet que lui obtenir un délai raisonnable de préparation. Après deux mois de travail, muni de ses notes, il fit ce qu’on attendait de lui. Et cela se renouvelait plusieurs fois par an… avec des délais de plus en plus courts ! Et puis, comme il écrivait tout car il tenait à pouvoir préciser quelles étaient ses sources (« on ne plaisante pas avec la Torah ! » nous a-t-il dit) des amis lui ont demandé de mettre en forme ces textes… Vingt-cinq ans plus tard…. la série était publiée. Outre un commentaire de toutes les parachas de l’année, il ajouta deux ouvrages méthodologiques : l’un sur les méthodes de l’interprétations rabbinique de la Torah (ou, comme il le dit plus simplement : la « boite à outils fournie par la Torah orale pour permettre l’accès à la Torah écrite ») ; l’autre…. un traité de « Grammaire hébraïque » systématisant les très nombreuses remarques grammaticales qui viennent éclaircir un point ou ouvrir d’intéressantes perspectives.
L’année suivante, il a publié une méthode Pour lire les Psaumes où, à partir du plus long des psaumes (le 119), il fournit la clé d’accès à tous les psaumes, pour lire avec exactitude (explication de la phonétique des consonnes et voyelles selon les différentes coutumes), pour traduire conformément à la grammaire, et pour comprendre selon la tradition rabbinique.
Il a commencé aussi une nouvelle série, au moins aussi exigeante que La voix de Jacob ; une série qui a pour ambition d’éclairer le lecteur sur toutes les haftarotes de l’année juive. On sait que les haftarotes (haftara au singulier) sont les extraits des livres des Prophètes lus à la Synagogue lors des Chabbats, fêtes ou jeûnes, après la lecture de la Torah. L’initiative est bienvenue car, comme il l’indique dans la présentation du volume sur les fêtes, « si de nombreuses publications concernent les parachas (sections hebdomadaires de la Torah), les commentaires des haftarotes demeurent plus rares… les livres des prophètes sont plutôt méconnus du grand public qui ne peut accéder facilement à une part importante des enseignements juifs traditionnels ». Or, l’étude des prophètes nous renseigne sur notre histoire, sur les personnages et événements du passé mais aussi sur les perspectives messianiques.
Dans la série Comprendre la haftara, comme dans la série de commentaires sur le Pentateuque (La voix de Jacob) et dans tous ses autres ouvrages, Hillel Bakis a voulu donner au lecteur la possibilité d’approfondir son étude par l’accès direct à des ressources bibliographiques. De la sorte, ce qu’il avance est vérifiable ; il suffit de suivre le chemin que tracent d’abondantes notes infrapaginales. Tout est référencé, précisé car le flou artistique n’est pas la meilleure manière d’aborder l’étude de la parole divine. L’auteur ne prend pas la posture du « connaisseur à qui il faut faire confiance » car c’est un universitaire exigeant (Professeur des Universités et Directeur de recherches dans son domaine[4]). Humblement, il fournit précisément les sources de ses analyses et ce qu’il doit aux grands maîtres du judaïsme orthodoxe à travers les siècles. Quand il se permet parfois d’avancer une interprétation innovante, il reste limpide par rapport à ses lecteurs en signalant par un code clair (ses fameux « peut-être »), qu’il n’a pas trouvé cette idée dans les commentaires traditionnels, mais qu’il se permet d’avancer une déduction, en toute hypothèse.
Hillel Bakis vient de terminer le quatrième volume de la série Comprendre la haftara. Comme dans les précédents, on trouvera pour chaque haftara, des indications liturgiques suivies du résumé, de la présentation du contexte historique, et des relations avec le contenu de la paracha de la semaine. Des tableaux présentent, à la fin du volume, la liste des récits, des cartes et illustrations. Un index détaillé permet de se reporter aux thèmes et noms évoqués dans tel ou tel chapitre. Remarquons que l’auteur donne des précisions historiques et géographiques indispensables à la bonne compréhension du texte des prophètes. Il écrit dans l’avant-propos de ce nouveau volume : « Il convient en effet de comprendre d’abord à quelle époque se situe chaque haftara. Certains textes relèvent de l’époque des suffètes (juges) alors que d’autres décrivent des faits qui se sont déroulés après la destruction du Temple. Il convient aussi de savoir quels sont les lieux mentionnés tant en Israël que dans les pays voisins, les noms étant souvent énigmatiques pour les lecteurs de notre temps ».
Il nous faut signaler ici, que les différents ouvrages de Hillel Bakis ont trouvé grâce aux yeux d’importants rabbins, de France ou d’Israël. Il a reçu en effet de nombreuses autorisations et recommandations qui, selon l’usage rabbinique, sont reproduites devant chaque livre. Sait-on que certains lecteurs ne prennent même pas la peine de lire un ouvrage religieux s’il ne comporte pas la garantie de « conformité » qu’offrent ces recommandations ? Car, comme l’écrit justement Hillel Bakis dans La voix de Jacob, on n’interprète pas la Torah ; on transmet l’enseignement de nos maîtres. D’où la volonté de l’auteur d’indiquer ses sources chaque fois que nécessaire[5].
Les ouvrages de Hillel Bakis ont trouvé grâce aussi aux yeux de ses lecteurs. On s’en rend compte en parcourant les témoignages disponibles sur le site internet de sa maison d’édition : www.editionsbakish.com [6].
[1] Texte initialement publié dans le blog du site O-judaisme.com, le 8 juillet 2019
(https://www.o-judaisme.com/blogs/salle-de-lecture/invitation-a-la-decouverte-de-l-oeuvre-de-hillel-bakis)
[2] Les contes, les fables et le roman sont édités par d’autres éditeurs : Raphaël Jeunessse (Paris) et A.J. Presse (Actualité juive, Les Lilas).
[3] Les libraires peuvent se procurer tous les ouvrages de Hillel Bakis chez BibliEurope (Paris).
[4] Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Henry_Bakis et Ph. Vidal (2018), « Henry Bakis,
défricheur de la géographie des télécommunications », Netcom, vol. 32, n os 1/2,
pages 9 à 28. http://journals.openedition.org/netcom/3286.
[5] Les informations de notre article proviennent des ouvrages de l’auteur, de son site internet editionsbakish.com, et d’une interview où Hillel Bakis nous a expliqué sa démarche. Nous avons aussi utilisé la notice Wikipédia le concernant (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hillel_Bakis) et le volume Vayikra de la série Comprendre la haftara.
3 commentaires
Merci au site o-judaisme.com et à Nicole Cohen pour m’avoir informé de cet article rétrospectif. Bonne continuation. Hillel
Fier de votre travail
mes remerciements à Nicole Cohen pour sa rétrospective et au site o-judaisme.com pour la publication sur le site. Voir la page facebook “La voix de Jacob”. https://www.facebook.com/La-VOIX-de-JACOB-565784390176116/
Merci au site o-judaisme.com et à Nicole Cohen pour m’avoir informé de cet article rétrospectif. Bonne continuation. Hillel
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